Après la tempête Alex

Enchevêtrement de troncs, poutres et poutrelles, de touffes et de branches essorées. De l’électro-ménager aussi ; gazinière et frigo cabossés. Des filets de pêche éventrés, des souches aux racines syncopées. Des cordages, des bouées, des méduses, un pneu et des nappes de posidonies.

Des débris de verre et de plastique de toutes les couleurs. Une poupée défigurée, un gant aux extrémités rongées, un chapeau de paille et, quelques bouteilles ; Cognac, Vodka, Champagne…

Vestiges de vies

Ruines sur ruines

Dérives…

Je marche sur les franges d’un fleuve imaginaire, immémorial.
Je longe les tombants vertigineux de ses hauts plateaux aux eaux vives, jusqu’aux mille méandres de son delta assoupi.
Je m’imprègne de sa mémoire et me laisse emporter par son cours.

Au loin la tempête gronde. Les vents tourbillonnent et peignent l’horizon de nuances de gris et d’ocres superbes.

La mer gonfle, vagit, souffle.
L’eau éclabousse, éructe, bave, écume, crépite.
Des vagues boueuses vomissent les déchets des hommes et leurs avidités.
Elles rejettent sur la plage des cadavres de guerriers, de migrants, de fuyants et d’autres victimes des guerres des hommes et de la colère des Dieux.

L’Orient et l’Occident sont les deux rives de ce fleuve tumultueux.
Ses eaux impétueuses, arrachent à mes berges tout ce qu’elles peuvent.
Elles charrient tout cela vers la grande mer étincelante.